Comprendre Malraux, c'est d'abord l'écouter. Sa parole est une illumination. Un éclairage indispensable […] Au commencement, donc, il y a sa voix. Cette voix, que nous avons voulu faire entendre ici, surgie des limbes, intacte, est un défi au temps qui nous broie et à l'intelligence qui nous manque. Une voix à l'affût des éternelles projections de l'âme humaine. La voix, chez Malraux, est le pendant du regard - ce regard unique qu'il sut porter sur la politique, l'histoire, l'art. C'est la voix de la France. François Busnel.
André Malraux a prononcé entre 1946 et 1973 d’innombrables discours. Les plus célèbres sont réunis dans un coffret de 3 CD (chez Frémeaux & Associés). Parmi eux, les propos qu’il a tenus le 19 Décembre 1964, pendant la cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.
« Entre ici, Jean Moulin… ». L’exorde est célèbre, trop sans doute. La carrière d’orateur d’André Malraux se résumerait presque à l’oraison vibrante de Jean Moulin lors du transfert de ses cendres au Panthéon. …
Pourquoi faut-il attendre l'âge de quarante ans pour être écouté ? André Malraux. Avec votre question m'apparaît ceci : en réalité ce qu'on a à dire d'important, on le dit toujours à des jeunes gens. L'Europe et sa construction, le communisme, les héroïnes romanesques, Dieu, la révolution et les barricades…
Le pilote continuait son cercle, reprenait l'Alcazar à la tangente ; la bombe était tombée au milieu de la cour. Les obus de l'Alcazar suivaient l'avion, qui repassa, lança la seconde grosse bombe, repartit, s'approcha de nouveau. La main de nouveau dressée de Marcelino ne s'abaissa pas : dans la cour, des draps blancs venaient d'être étendus en toute hâte : l'Alcazar se rendait. Jaime et Pol boxaient de jubilation. Tout l'équipage trépignait dans la carlingue. Au ras des nuages apparut la chasse ennemie. …
Au fond, André Malraux, c'est d'abord une voix. Une voix aux accents très particuliers, un peu voilée, fébrile et grave à la fois, soutenant un débit fluant et haletant, quelque chose d'un marmonnement sonore, si l'on peut risquer cette alliance de mots et en effet, il le faut. Certains objecteront que c'était aussi bien tout un corps, souple jusqu'à la contorsion, un visage agité de tics. Je n'en suis pas sûr…