L'ange de Nisida

Étrange destin que celui de cet Ange de Nisida de Gaetano Donizetti qui figure sur aucune liste de ses opéras… et pour cause ! Voulant fuir des problèmes avec la censure italienne, Donizetti décide de faire présenter cet opéra, dans une adaptation française, à Paris. Les répétitions commencent en 1840, mais elles sont bientôt arrêtées à la suite de la faillite de la troupe. Donizetti réutilisa une grande partie de son ouvrage pour composer La Favorite. C’est un peu le même cas de figure que Rossini réutilisant Le Voyage à Reims pour le refondre dans Le Comte Ory.

Abandonné à la suite de la faillite du Théâtre de la Renaissance en 1840, à Paris, l’opéra L’Ange de Nisida de Donizetti servira de gisement au compositeur croulant sous les commandes. Il en puisera de larges extraits pour son opéra La Favorite. Il ne restera alors de l’œuvre originale que des feuillets épars que la musicologue Candida Mantica mettra huit ans à reconstituer comme un puzzle dont les morceaux étaient disséminés dans plusieurs bibliothèques d’Europe, surtout à Paris, aux États Unis et dans des œuvres postérieures.L’œuvre attendait encore sa création scénique qui eut lieu l’année suivante au Festival Donizetti de Bergamo, ville natale du compositeur, dans une mise en scène de Francesco Micheli. C’est l’écho de ces représentations que l’on découvre ici sous la baguette experte de Jean-Luc Tingaud, avec une distribution non francophone visiblement bien coachée. Il ne reste plus maintenant qu’à présenter cette oeuvre à Paris où on l’attend depuis 1840…