Le 21 décembre 1996, dans la modeste église de Sainte-Agathe, avaient lieu les funérailles nationales d’un poète. Avant Gaston Miron, aucun écrivain n’avait reçu des autorités politiques québécoises un honneur pareil. Comment une telle chose pouvait-elle se produire dans une société qui avait jusque-là si mal traité ses poètes, de Nelligan à Saint-Denys Garneau ? C’est tout simplement que Gaston Miron incarne mieux que quiconque le Québec moderne. …
"Alors je racontais. L'insurrection. À tant de gens. […] Sans savoir que ces vingt ans de parler - et cet événement a été le plus grand dans ma vie, et il forme un tout -, que justement ce parler et cette manière seraient les seuls pour décrire l'insurrection." Publié en 1970, ce texte relate jour par jour, presque rue par rue, l'insurrection qui éclata à Varsovie en août 44, un an après la destruction du ghetto (« C'était nous, maintenant, les abandonnés, les méprisés »), ravageant la quasi-totalité de la ville et entraînant la mort de deux cent mille personnes. …