ce Qu'il Nous Faut C'est un Mort

“Condamné à mort !… Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée. Toujours seul avec elle… Toujours glacé par sa présence…Elle m’obsède éveillé, épie mon sommeil… Et reparaît dans mes rêves… Je viens de m’éveiller en sursaut… en me disant ‘ce n’est pas en rêve’… Eh bien avant même d’avoir entr’ouvert les yeux pour vérifier que ce n’en était pas un, je l’ai entendue : condamné à mort !”

En cinq récits brefs et six interludes, Sorel et Mosdi nous plongent dans un univers de folie et de mort, où l'humour est avant tout grinçant. En bref, des récits qui font froid dans le dos ! Un ensemble entièrement en camaïeu qui offre des ambiances noires à souhait, où l'on appréciera les percées de couleur pour représenter l’œuvre dans l’œuvre.

Débutant dans Spirou en 1980, la série, jugée provocatrice, change de peau et devient Aventures en jaune, pour finalement disparaître, victime de la censure. L'album sort chez Temps Futurs, qui dépose son bilan. La série déménage chez Glénat et Bédéscope, pour être encore une fois stoppée dans son élan, malgré l'intérêt manifesté par un nombre croissant de fans. Jugeant que ça commence à bien faire, Yann, Conrad et les éditions Dargaud mettent fin à cette malédiction et nous donnent enfin la suite des Innommables. Une série parfaitement iconoclaste... et fière de l'être !

L’océan, la grande aventure, l’exotisme, la nostalgie des années 50… Embarquement immédiat pour une série grand public comme on les aime, avec tout ce qu’il faut d’ingrédients et de rebondissements pour tenir le lecteur en haleine. Les couleurs sont superbes et restituent à merveille l’atmosphère moite des nuits indochinoises. Yann Calec, marin de commerce et héros malgré lui de cette saga maritime, nous est à bien des égards familier, tiraillé entre son aspiration à faire son boulot et ses cas de conscience.