Comprendre le Cinéma et Les Images

Avec un scénario qui déraille complètement et un dessin caustique, cette histoire nous entraîne en des terres saugrenues. Un regard acide sur la condition humaine dans un quartier paumé de Bordeaux, situé sous le pont d’Aquitaine, une véritable cour des miracles contemporaine, un repaire de défavorisés en tout genre. Une collection de cas sociaux dont le nombre au mètre carré frôle le record mondial, à en pleurer d'impuissance : tout le monde y est ; le vieux pédé honteux, le père gitan despotique et parano, dealers, mac, poivrots, ex-putes au cœur d'or et grosses, énormes putes au destin tragique. Pas le temps de souffler en lisant cette chronique des bas-fonds. Un thriller des ghettos, rondement mené et illustré avec brio.

C’est une histoire toute simple, d’une rare sobriété. Parce qu’il souffre du dos, un très jeune homme, se met à fréquenter une piscine sur les recommandations insistantes de son kinésithérapeute. Là, dans le bassin à la fois anonyme et rassurant où les individus ne sont plus que des corps qui nagent, au rythme monotone des longueurs ajoutées les unes aux autres, il fait la connaissance d’une jeune fille au corps et au sourire séduisants. C’est l’épanouissement de leur relation ténue, toute en silences, en esquives, en pudeur et en gestes esquissés, que va raconter « Le Goût du chlore », avec une grande légèreté et un sens remarquable de la narration en images… Un récit intimiste et pudique, façonné par les nuances et les non-dits.

Devant faire face à l'énorme pression de ses supérieurs et des médias, l'inspecteur Harris s'acharne à régler le dossier des «Sans-âme », ces portés disparus que l'on retrouve errants dans les rues, comme vidés de leur énergie vitale. L'ombre surnaturelle qui semble toujours avoir l'avantage sur lui pourrait bien être la clé du mystère...

Débutant dans Spirou en 1980, la série, jugée provocatrice, change de peau et devient Aventures en jaune, pour finalement disparaître, victime de la censure. L'album sort chez Temps Futurs, qui dépose son bilan. La série déménage chez Glénat et Bédéscope, pour être encore une fois stoppée dans son élan, malgré l'intérêt manifesté par un nombre croissant de fans. Jugeant que ça commence à bien faire, Yann, Conrad et les éditions Dargaud mettent fin à cette malédiction et nous donnent enfin la suite des Innommables. Une série parfaitement iconoclaste... et fière de l'être !