Tout le monde connaît Les Noces de Figaro selon Giulini ? Le studio de 1959 chez Emi peut-être, mais sûrement pas ce rare concert du 6 février 1961, joyau de poésie et de vivacité où se surpasse une distribution de rêve.
Sans remonter à la glorieuse progéniture de Manuel Garcia (père de Pauline Viardot et Maria Malibran), l’Espagne a souvent offert à notre pays ses plus belles voix. Ainsi, toute planétaire fût-elle, la carrière de Teresa Berganza passa d’abord par la France. C’est à Aix-en-Provence qu’eut lieu la consécration, à l’été 1957, dans un Così fan tutte d’illustre mémoire où une Dorabella de vingt-quatre ans (!) volait la vedette à ses partenaires. Quelques mois plus tard, cette artiste à peine sortie de l’adolescence, mais douée déjà de la technique la plus aguerrie (merci Lola Rodriguez Aragon, son professeur), s’envolait pour Dallas. Dans le tout nouvel Opéra de la cité texane, elle fut non seulement Isabella dans L’Italienne à Alger, mais aussi Néris dans Medea, face à une certaine Maria Callas qui prit aussitôt la petite Espagnole sous son aile, subjuguée par sa maturité musicale et le fini quasi instrumental qu’elle déployait dans sa grande scène avec basson obligé.
Difficile d’imaginer entrée en matière plus éblouissante que celle des Pins de Rome, poème symphonique composé par Respighi en 1924, deuxième volet d’une trilogie célébrant la capitale italienne, entamée huit ans plus tôt par un hommage à quatre de ses fontaines. Un pied de nez de la trompette (un si bémol aussi sonore que dissonant) clôt la lumineuse évocation des jeux d’enfants sous les résineux de la Villa Borghese. Le Lento qui s’enchaîne nous emmène à l’entrée d’une catacombe. Une mélodie de plainchant remonte des profondeurs du mystérieux sépulcre. Pas de changement de tempo pour la troisième partie, onirique scène nocturne sur le Janicule.
Le 21 août 1958, Karajan dirige à Salzbourg les Wiener Philharmoniker et un quatuor de solistes trié sur le volet dans la grand-messe verdienne. La bande de cette soirée mémorable était devenue quasi introuvable : Diapason vous la rend.