Ce saxophoniste réussit à s’imposer en douceur, non pas comme un jeune loup virulent, ni comme un nouveau J.C. épisodique, mais comme un maître mature. Quelques disques en leader, quelques participations remarquées dans des groupes (tel celui des frères Moutin) et puis cette formation, équilibrée et ronde. Sylvain Beuf a un son précis, net. C’est un esthète du saxophone au phrasé très mélodique, très aérien sans pour autant céder à la facilité d’une rapidité bâclée. Ses compositions (neuf en tout) sont à cette image, très pensées, très réfléchies, sans pour autant être compliquées. Le dialogue entre Manuel Rocheman et le saxophoniste est constant et dominant. Il faut dire que Rocheman donne là une belle prestation, enjouée et délicate.
Depuis Des Singes et des Moutons, Debout Sur Le Zinc avait clairement notifié une volonté de revenir aux sources d’un rock, certes mâtiné de folk et d’influences rétro, mais plus pur qu’à leurs débuts, lorsque leurs prestations ressemblaient un peu trop à une sympathique, mais pas très originale, imitation des Têtes Raides.
Leclair, sans conteste le plus important compositeur français de sonates pour violon au XVIIIe siècle, nous livre dans ce recueil la quintessence de son art. Et du point de vue de la virtuosité, des difficultés techniques (pour le violon), il faudra attendre un Paganini, au XIXe, pour trouver de la surenchère. Fétis, l'auteur de la fameuse Biographie Universelle des Musiciens, nous dit que, dans le Dictionnaire Dramatique de l'abbé de La Porte (et Chamfort), on peut lire : « Il manqua toujours à Leclair cette portion de génie qui sert à cacher l'art lui-même, de manière qu'il devienne presque insensible dans la jouissance de l'effet. »