Depuis la fin des années soixante, pour bon nombre de cinéastes et de romanciers européens, le nazisme n'est plus ce qu'il était. Saul Friedländer décèle à travers leurs œuvres - sans qu'il y ait volonté apologétique - le renouveau d'une certaine fascination dont le ressort, hier comme aujourd'hui, est un réseau d'émotions contradictoires. Il découvre aussi une impossibilité totale à affronter l'inacceptable, d'où un recours à l'exorcisme, à l'inversion des signes et des situations dont le dernier avatar est la négation même de l'holocauste. …
Le Matin des magiciens de Pauwels et Bergié (1960) a fait naître l'idée qu'une société secrète aux pouvoirs étendus, la " société Thulé ", aurait été le centre caché et ignoré du nazisme. L'influence de ce groupuscule bien réel n'est pourtant qu'un fantasme, un mythe. …
Comment la Première Guerre Mondiale marqua dans leur mémoire, leurs affects et leurs comportements les hommes qui peuplèrent les structures du Troisième Reich. Comment ferveur, angoisse, haine et désespoir engendrés par la guerre totale, amenèrent ces hommes à concevoir une politique complexe, faite d'accélérations brusques, dont le but était finalement l'éradication totale des juifs d'Europe. …
Des millions de pièces d’archives, de photos et de films, des myriades de témoignages et de récits, d’innombrables traces matérielles, tout cela fait assurément du nazisme (1933-1945) la séquence historique la mieux documentée qui soit. Et pourtant la radicalité du mal qu’il représente, le nombre insensé de ses victimes et la violence hors norme de ses bourreaux interrogent sans fin voire engendrent une forme de scepticisme. Comment les nazis se sont-ils persuadés que la vie sociale et politique reposait sur la « biologie » ? Comment les barrières mentales ont-elles si facilement et si rapidement sauté ? …