"Tu as un problème avec le concept de propriété, Manu. Tes filles sont à tout le monde. C'est ça, c'est le marché, tu paies, tu baises. La chatte, ça se vend au kilo. Et Roberto, c'est un gars de valeur. Il baise pas une pute gratos. Il baise sa femme gratos, ouais, pas les putes, fais gaffe à ce que tu dis, c'est la famille, c'est Roberto, fais gaffe. Par contre, t'as raison sur un point, elles appartiennent bien à quelqu'un les filles, toutes, pour la bonne raison que tout le monde, ce n'est pas toi, ce n'est pas Roberto, ce n'est pas le pape, tout le monde, c'est moi."…
Najat Vallaud-Belkacem quitte un instant ses habits de ministre pour se raconter avec simplicité. Elle évoque son enfance dans un petit village du Maroc, sa jeunesse dans les quartiers Nord d’Amiens, la découverte de la lecture, la conquête de la liberté à Paris et les premières responsabilités à Lyon…
Un jour, je demande à mon plus ancien ami : « Éric, tu as bien conscience que moi, je suis noir ? - Ouais. - Mais si moi, je suis noir, toi, tu es quoi… ? - Ben, je suis normal ». Ce drôle de mot, « normal », a été pour moi comme un détonateur. J'ai réalisé brutalement que les Blancs ne se voient pas blancs et, plus largement, qu'ils n'ont pas conscience de la position de domination dans laquelle l'histoire les a placés. Pourtant, quand on leur demande : « Est-ce que vous aimeriez être traités comme la société traite les personnes noires ? », tous sans exception répondent : « Non. » C'est bien qu'ils savent. …