Marguerite Long et les Pasquier dans le Quatuor op. 15 ? Trésor d'une discographie comparée, et centre d'un album résumant les années 1870 de Fauré. Nul de ses élèves, de ses contemporains et des lecteurs de son livre Au piano avec Gabriel Fauré ne devait l'ignorer : Marguerite Long (1874-1966) savait mieux que personne jouer la musique de son « ami », elle qui l'avait bue à la source. Si Fauré n'était pas pressé de distinguer un gardien du temple, elle s'installait à l'entrée avec autant de fierté batailleuse (mais pouvait-il en être autrement pour une musicienne dans le Paris des années 1900 ?), de petits arrangements avec le souvenir du compositeur (« ami » surtout de son mari le musicologue Joseph de Marliave, mort à la Grande Guerre) et de vanité (terribles interviews) que d'exigence perspicace, de fierté légitime et d'amour pour une musique qu'elle aura servie sans relâche. C'est d'ailleurs à quatre-vingts ans que la pianiste invite le Trio Pasquier à graver avec elle le Quatuor op. 15 !
Le pianiste italien Christian Leotta nous revient avec le volume 3 de son intégrale des 32 sonates pour piano de Beethoven. Il a fait de ce corpus une spécialité. Ce CD double contient notamment les sonates pour piano No. 17 en ré mineur op. 31 No. 2 “ La Tempête” et la No. 31 en la bémol majeur op. 110, ainsi que quelques sonates des premiers opus.
Du jazz autrement. C’est ce que fait la pianiste Perrine Mansuy pour que l’espace se crée et l’atmosphère s’amplifie. Dans son jeu, ses mélodies et ses échanges avec ses partenaires musiciens, elle se pose ou saute, caresse ou gifle. Avec le bigarré Rainbow Shell, Perrine Mansuy s'engage sur la voie d’une sorte de pop rêveuse. Un rêve qui serait évidemment éveillé. Zébrée des guitares blues et des samples de Rémy Decrouy, soutenue par les percussions de son autre compagnon de route, Jean-Luc Difraya, et l’arrivée du violoncelliste Eric Longsworth qui colore l’ensemble de nuances nouvelles, sa musique romanesque est inspirée des poèmes de Katherine Mansfield. Le chanteur Mathis Haug prête également sa voix à ces instants de vie fugitifs, ces plages de rêve orchestrées par un piano. Au cœur de cet album créatif à souhait, le jeu de Perrine Mansuy est un vrai diadème.